Mieux vaut prévenir que guérir.
Cet adage, attribué à Charles-Joseph Panckoucke (1749), est très largement usité comme un principe philosophique moderne s’étendant à tous les secteurs individuel et institutionnel. Pouvant se rapprocher de l’idée évoquée à l’époque de la Grèce antique, dans la fable « Le sanglier et le renard » d’Esope, « si tu veux la paix, prépare la guerre », sa mise en pratique faisait la grandeur de cultures ancestrales, où le préventif prévalait sur le palliatif tant à l’échelle humaine qu’à l’échelle événementielle.
La prévention prend en compte de nombreux aspects que je mentionne à chaque chronique, chaque cours et chaque consultation dans le cadre de mon activité professionnelle mais qui alimente également bon nombre de mes interactions sociales quelles qu’elles soient. Vous le savez, la prévention s’appuie majoritairement sur la notion d’équilibre, celle du corps et de l’esprit, en insistant sur le fait que notre organisme est le seul, unique et précieux « véhicule » qui nous permet de vivre et d’exister lors de notre passage sur Terre. Sans rentrer dans l’étude analytique du corps humain (le livre « L’histoire du corps humain » du professeur Daniel Lieberman faisant ce travail à merveille) il est néanmoins important de s’attarder sur la notion de renouvellement cellulaire.
On a longtemps pensé que notre organisme était composé de 10 fois plus de cellules bactériennes que de cellules humaines. Des études récentes destituent ce ratio et le ramènent plus près d’une quasi-équivalence. Ainsi, on définit notre organisme comme composé de 30 000 milliards de cellules humaines (dite animales) et près de 40 000 milliards de cellules bactériennes constituant le microbiome humain dont l’on reconnait de plus en plus l’impact et ainsi l’importance des interactions dynamiques microbiote/hôte à l’échelle tissulaire et cellulaire.
Si l’on se concentre maintenant sur le renouvellement à proprement parlé, on estime à environ 20 milliards le nombre de cellules mortes par jour et une moyenne de renouvellement à 10 millions de cellules par semaine. On constate aisément que ce ratio n’est pas gage d’immortalité ! De plus, le renouvellement dont on parle est dépendant du type de cellule, de leur emplacement et de l’âge de l’organisme en lui-même. Exemple : des cellules du système immunitaire comme les leucocytes (globule blanc) se renouvellent en quelques heures, tandis que le foie, l’estomac et l’épithélium intestinal mettent quelques jours et la peau quelques semaines. Le renouvellement peut être encore plus lent avec le système osseux qui mettra au moins 10 ans, le système intestinal, au moins 15 ans et le système cardiaque qui ne se renouvellera qu’à hauteur d’1% par an. Enfin, le renouvellement peut également être quasi-inexistant comme pour les neurones (néo-neurones) ou totalement inexistant comme pour les ovocytes dont le stock ne fera que s'épuiser en même temps que l’individu.
De manière globale, on se renouvelle donc en permanence, des cellules meurent et d’autres naissent constamment, le tout dans l’environnement qu’on leur offre ou qu’on leur met à disposition ! Et ainsi, le principe de prévention prend tout son sens.
Après la chronique « Il était une fois… LA CURE ! » dans laquelle il était grandement question de déculpabilisation… je vous invite aujourd’hui à considérer le pouvoir que vous avez sur votre santé… à y déceler une opportunité, une pratique ludique et un véritable plaisir qu’est cette quête de la compréhension de SOI. Car oui, il y a une certaine satisfaction de ressentir quelque fraction de seconde ce sentiment d’être parfaitement à sa juste place ici et maintenant baignant dans une sérénité profonde d’acceptation de l’instant. Vous le connaissez ce sentiment :
- en contemplant une pile de dossiers traités ou une boite mail vidée,
- en vous prélassant sous la douche, après une séance de sport intense,
- en dégustant une boisson chaude, enveloppé dans un plaid près de la cheminée,
- en enfonçant vos pieds dans le sable mouillé, lors d’une balade en bord de mer,
- en ressentant la douce chaleur d’un rayon ensoleillé, sur votre visage aux yeux mi-clos,
- ...
La liste est infinie. Vous voyez ? Vous connaissez très certainement ce sentiment de calme intérieur profond et cette impression d’être simplement bien… puis, vous auriez bien aimé que ce moment dure toujours mais il faut aller faire des courses, préparer à manger, partir travailler, et reprendre le flow écrasant des multiples tâches dont votre vie est remplie ! Écrasant pour qui ? Et si vous inversiez la tendance ? Et si tous les instants de votre vie prenaient la même direction, celle d’un art de vivre en conscience ?
Faites de votre hygiène de vie votre première priorité… transformez-la en ART. Individualisez votre rythme de vie, votre diététique, vos exercices physiques et mentaux. Disciplinez de façon personnalisée votre quotidien afin qu’il vous soit le plus confortable possible. Ainsi cela signifiera qu’il vous correspond pleinement et qu’il sera en adéquation avec la mise en place d’une hygiène de vie consciente, à l’écoute, équilibrée et gage de la préservation d’une qualité de vie optimale.
Il s’agit plus précisément de modifier ou d’adapter 3 aspects distincts de votre façon de cheminer à travers le temps : l’alimentation, le mode de vie ou la routine quotidienne (sous-entendus de soins personnels) et l’environnement.
« La volonté de l’homme détermine ses actes de même que ses actes déterminent ce qu’il deviendra. »
Extrait de Brihadaranyaka Upanishad, texte fondateur de l’Ayurveda.
Une fois n’est pas coutume, c’est au cœur des sciences védiques que l’on trouve les principes essentiels à ces piliers fondamentaux de la santé ! L’Ayurvéda, cet art de vivre personnalisé, s’inscrit dans le long terme en s’appropriant des pratiques saines et régulières telles qu’une diététique adaptée, l’usage de la phytothérapie et aromathérapie, la réalisation de cures de désintoxications favorisant les mécanismes d’élimination ou de massages et soins corporels. Elle s’accompagne également de la prise de conscience d’une hygiène de vie physique par l’exercice et le yoga et mentale par la respiration et la méditation.
ALIMENTATION
« Dis-moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es. »
Jean Anthelme Brillat-Savarin, 1826.
Cette expression a pris son sens actuel au moment où elle a été reprise par le nutritionniste anglais Victor Lindlahr qui déclarait : « Ninety per cent of the diseases known to man are caused by cheap foodstuffs. You are what you eat. » Cette phrase utilisée plus récemment par Jane Goodall (dont je vous recommande l’ouvrage : « Nous sommes ce que nous mangeons ») fait aujourd’hui légion dans bon nombre de thérapies naturelles qui prônent l’alimentation au sommet de toutes les médecines (à découvrir également : « L’alimentation ou la 3ème médecine » de Jean Seignalet). Et ce principe peut être renforcé par ce proverbe tiré des textes ayurvédiques : « Lorsque l’alimentation est mauvaise, les médicaments ne sont pas utiles. Et lorsque l’alimentation est bonne, les médicaments sont inutiles. »
On l’aura compris, l’alimentation constitue une base fondamentale à notre état de santé. Et le constat est simple : on n’est pas fait pour tous manger la même chose, ni en même quantité ni au même rythme…
L’ayurvéda considère que notre fonction digestive est l’élément clé de notre santé. L’absorption, l’assimilation, et l’élimination sont le reflet du métabolisme d’un individu. Afin de préserver un état de santé globale, l’alimentation se doit de répondre aux états d’équilibre et de déséquilibre spécifiques à chacun. La diététique ayurvédique repose sur une approche de classification par le goût. Chaque aliment et chaque plante ou épice possèdent une saveur (douce, acide, salée, piquante, amère et astringente), une énergie (chauffante ou rafraîchissante) et une action post-digestive. Pour s’approprier cette méthode nutritive, l’individu tend à adapter sa diététique en fonction de son Vikriti (court-terme), Prakriti (long-terme) et s’accorde à suivre la saisonnalité des aliments et du temps tout en essayant d’incorporer si possible des programmes de détoxification et de régénération au printemps et à l’automne.
ROUTINE QUOTIDIENNE
Le mode de vie reflète le quotidien de l’individu. Dans l’Ayurvéda, on définit la Dinacharya comme la routine idéale ou le rythme des actions quotidiennes, suivant les horaires de la journée, à adapter et à optimiser en fonction de chacun selon sa constitution ayurvédique et ses éventuels déséquilibres. La Dinacharya s’intègre dans les pratiques suivantes : actions - alimentation - activité physique - activité professionnelle - relations sociales - activité philosophique et/ou spirituelle.
Soin du corps / Soin de l’esprit / Alimentation / Sommeil
Sport – Massage – Loisirs – Créativité – Travail – Intellect
Pour rappel, voici un découpage simple et bien illustré d’un cycle journalier selon les principes de l’Ayurvéda (satya-ayurveda.fr) ainsi qu’un descriptif succinct de la Dinacharya et donc d’une journée au rythme de l’Ayurvéda.
LE CYCLE DE LA JOURNÉE
- 6H-10H : horaires Kapha
- 10H-14H : horaires Pitta
- 14H-18H : horaires Vata
- 18H-22H : horaires Kapha
- 22H-2H : horaires Pitta
- 2H-6H : horaires Vata
Le lever et les rituels du matin :
- Se lever tôt avant 6H (sankalpa et pensée positive)
- Éliminer les déchets (uriner et aller à la selle)
- Se nettoyer le visage à l’eau fraiche
- Se nettoyer le nez (avec un lota)
- Se gratter la langue (avec un gratte-langue en cuivre ou une petite cuillère)
- Gandouch (bain de bouche à l’huile de sésame)
- Se brosser les dents (dentifrice naturel)
- Boire un verre d’eau chaude (citron/gingembre)
- Faire ses exercices de Yoga et de Pranayama dynamiques
(Surya Namaskar, Kapalabhati et Nadi Shodhana)
- S’automasser le visage ou tout le corps (avant ou après les exercices)
- Prendre une douche tiède
- Méditer
- Petit déjeuner moyen (7H-8H)
Le cours de la journée :
- Matinée propice aux activités physiques et intellectuelles intenses
(dynamisme, concentration, réflexion)
- Déjeuner au calme : repas le plus complet et conséquent si besoin (13H-14H)
- Boire de l’eau chaude 30 minutes après le repas
(- Sieste déconseillée sauf pour les Vata sujets à de grosses perturbations de sommeil)
- Petite marche digestive et méditative
- Après-midi propice aux activités physiques et intellectuelles légères
(douceur, partage, loisir)
Les rituels du soir et se coucher:
- Prendre une douche tiède
- Diner léger (18H-19H)
- Favoriser des activités douces et apaisantes (lecture, partage…)
- Faire ses exercices de Yoga et de Pranayama relaxants
(Chandra Namaskar, Nadi Shodhana et Bhramari)
- Méditer
- Se coucher tôt à 22H
ENVIRONNEMENT
L’environnement est certainement le point à la fois le plus vaste avec de multiples effets sur nos aspects physiques et mentaux mais également celui sur lequel on peut avoir l’impression de n’avoir aucun impact ou insuffisant.
L’environnement, on nous le crée durant l’enfance, on le modifie et le transforme durant notre vie d’adulte et l’analysons seulement durant notre vieillesse. Quel qu’il soit, cet environnement nous accompagne et nous le subissons donc tout au long de notre vie sans en prendre vraiment conscience excepté lors d’un retentissement négatif dans notre quotidien : région caniculaire, relation humaine néfaste, travail anxiogène…
Même si l’on peut concevoir que déménager et changer de travail ne se fait pas d’un claquement de doigts, il est au moins important d’identifier la cause véritable d’un mal-être pouvant mener à des déséquilibres physiques et mentaux plus sérieux. L’identification des maux fait partir du processus préventif de l’attention à Soi et il convient parfois d’en faire usage quand l’alimentation ou la routine quotidienne nous semble équilibrée.
Exemples des différents aspects que revêt l’environnement :
Relation humaine : familiale, sociale ou professionnelle
Lieu et cadre : professionnel, personnel, matériel
Habitat, Famille, Vacances
…
Pour conclure et pour vous donner un aperçu annuel, découpé en saison, des conseils plus détaillés de l’art de vivre selon l’Ayurvéda, je vous invite à découvrir ces différentes chroniques :
Notre alimentation n'est pas seulement ce que nous mangeons c'est aussi ce que nous regardons, ce que nous écoutons, ce que nous lisons, et les gens que nous côtoyons.
Nous devons être attentifs aux choses que nous mettons dans notre corps émotionnellement, spirituellement et physiquement.
C’est cela la véritable prévention, une constance dans le soin que l’on porte à l’alimentation globale de notre être.
Si la France reste encore frileuse sur l’association des médecines naturelles à l’allopathie moderne, contrairement à ses voisins européens et transatlantiques, il en demeure pas moins que la prise de conscience prend de l’ampleur tant dans la communauté scientifique que dans les esprits du grand public. Espérons que cette ouverture d'esprit couplée à de sérieuses validations scientifiques permettra d'entrer dans une nouvelle ère de soin en harmonie à la personne, plus globale, mesurée et naturelle.
« Le médecin du futur ne donnera pas de médicaments ; il formera ses patients à prendre soin de leur corps, à la nutrition et aux causes et à la prévention des maladies. »
Thomas Alva Edison
Avec bienveillance.
Maylis.